Soutenir les personnes isolées avec Clowns et Vie !
Océane Wanecque
jeudi, avril 23, 2020 at 12:00:00 AM heure d’été d’Europe centrale • 6 mins de lecture
Des clowns qui interviennent dans des établissements médico-sociaux pour répandre la bonne humeur et soutenir les personnes qui ont besoin, ça vous parle ? Nous nous sommes entretenus en visio avec Céline, qui fait partie de Clowns et Vie, une association qui lutte contre contre l'isolement en accompagnant les enfants en pédiatrie et en soutenant les personnes isolées en EHPAD.
Quel est le concept de Clowns et Vie ?
Les clowns arrivent costumés dans l’EHPAD. Ils rencontrent la personne référente, en général soit les animateurs soit les psychologues. Ils vont leur donner une liste indicative des personnes qui ont le plus besoin, c’est-à-dire les personnes isolées, qui n’ont pas forcément de familles et aussi les personnes en fin de vie.
Une intervention c’est 2 heures, 2 clowns. Les clowns sont toujours en binôme. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’on n'est pas dans le spectacle, on est vraiment dans l’accompagnement. On fait du chambre par chambre, 2 clowns pour un résident. Donc, c’est vraiment de l'accompagnement et le plus important, c’est l’échange qui va être au centre de ce moment passé et non pas le côté qu’on pourrait penser ludique, façon spectacle.
L’objectif n'est pas forcément de faire rire, mais de décaler cette situation d’isolement, de rompre un peu l’isolement que vivent les personnes dans leur chambre et pouvoir leur apporter autre chose. On décale cette situation d’isolement de manière poétique, drôle, c’est permettre à la personne de casser cette routine et lui permettre de s’ouvrir à autre chose. Les clowns font rêver les personnes auprès desquelles ils interviennent.
En général, les personnes croient que c’est du spectacle, qu’il y a quelque chose de préparé, alors que non, c’est que de l’improvisation. Le fait d'être 2, c’est important parce que ça permet de rebondir. Le clown est très observateur, quand ils rentrent dans les chambres, l’objectif c’est qu’en quelques minutes, ils puissent savoir ce que la personne aime pour avoir un point d’accroche et rebondir là-dessus, pour créer de la relation et d'être au plus près de la personne.
Comment est née l’association ?
L’association a été créé par Xavier en 2009. Il a toujours adoré le clown accompagnant. Il a été au Canada se former et voir un peu ce qui se faisait, car là-bas, le clown est très présent dans les urgences, les établissements médico-sociaux, etc. En France, quand le clown est arrivé, c'était uniquement en pédiatrie, Xavier a voulu étendre ça, en fait. Tout ce qu’il a observé au Canada il voulait le développer en France. Quand il est arrivé en Vendée, il a monté l’association.
Où est-ce que vous intervenez ?
L’association intervient majoritairement dans les EHPAD et dans les services pédiatrie des hôpitaux de la Roche-sur-Yon et de Fontenay-le-Comte. On réalise 160 interventions par an, dans 15 EHPAD répartis en Vendée, Loire-Atlantique et Maine et Loire.
Combien vous êtes dans l’équipe ?
On est une association bénévole qui compte une trentaine de membre actifs. Il y a eu au total 60 clowns qui ont été formé depuis le début. L’association forment ses propres clowns. C’est une formation de 140h, on ne peut pas devenir clown du jour au lendemain. Il y a beaucoup de chose à apprendre, à appréhender, sur soi et sur la relation avec l’autre.
Comment on peut être bénévole chez Clowns et Vie ?
Il y a des bénévoles comme ça qui s’impliquent vraiment beaucoup et après il y a d'autres personnes qui interviennent plus ponctuellement sur nos différentes actions. Par exemple on a des lotos qui sont organisés tous les ans, il y a des bénévoles qui interviennent uniquement sur ces actions ponctuelles, les lotos, les fêtes annuelles...
On souhaite mettre en place des visites régulières au sein des EHPAD, des bénévoles qui feraient de l’Accompagnement Convivial, toujours par le biais de l’association Clowns et Vie.
Est ce qu’il y a des profils de bénévoles que vous recherchez en particulier ?
On a une majorité de bénévoles qui sont issus du monde médico-social. Xavier est éducateur spécialisé de formation, moi issue du monde éducatif, on a aussi pas mal d’aide soignantes. L’accompagnement, on connaît, c’est notre domaine. Maintenant, on vient chercher le côté artistique, le côté clownesque. Il y a déjà eu l’inverse, c’est-à-dire, des clowns professionnels qui sont venus se former à l’accompagnement.
On a aussi un 3ème type de profil, des personnes qui sont issues de milieux professionnels qui n’ont rien à voir. On a deux comptables, une agricultrice, des gens qui ont eu cette envie, qui ont toujours eu un peu ce clown endormi en eux et qui ont envie de le faire ressortir par le biais de l'accompagnement. Ce que ces personnes recherchent dans le clown, c’est justement de quitter cette sphère un peu stricte et de retrouver une liberté à travers l’activité de clown accompagnateur. L’association le leur permet. Nous recherchons également des bénévoles qui souhaite intervenir autour du Mieux Vivre Ensemble.
Vous avez mis d’autres actions en place pendant le confinement ?
Notre première interrogation pendant le confinement, c’était comment est ce qu’on peut garder du lien avec les établissements dans lesquels on intervient ? Très vite dès la première semaine, on a établit un système d’échanges avec les établissements. On leur envoie 1 à 2 fois par semaine, des photos des clowns, des montages photos et videos de clowns qui continue leur bénévolat depuis leur domicile. Ils sont pris en photo avec des messages de soutien.
Là, je viens de faire un montage d'une vidéo pour un établissement, 2 clowns m’ont envoyé une chanson sur laquelle ils ont modifié les paroles pour qu’elles collent à l’établissement. J’ai fais le montage et dans l'après-midi, l'établissement va recevoir la vidéo des clowns. On leur a demandé de quoi ils avaient besoins et ce qu’ils voulaient voir. Ce qui est ressorti c’est de voir les clowns qui interviennent d’habitude, de continuer à recevoir les messages. On imprime des fiches, elles sont découpées et affichées dans l'établissement, dans les couloirs ou dans les chambres des résidents qui ne peuvent pas sortir.
Comment Benevolt vous a aidé à trouver des nouveaux bénévoles ?
Ça a marché tellement bien qu’on s’est dit pourquoi est-ce qu’on élargirait pas nos messages de soutien à d’autres personnes en fait ? L’objectif de l’association, c’est aussi de partager. Quoi de mieux que partager des messages de soutien de personnes qui sont isolées chez elles et qui cherchent à se rendre utile, à des personnes qui sont isolées dans un établissement médico-social ? Comment est ce qu’on pourrait palier à ça ?
Xavier a trouvé la plateforme Benevolt, et on est complètement dans ce que l’on recherche. Il y a des personnes qui veulent se sentir utile à quelque chose et nous on se fait juste le messager. On fait le lien entre ces personnes là et les résidents des établissements qui n’attendent que ça, de recevoir des messages de soutien. On a de la chance d'être privilégiés au niveau communication, avec les établissements, donc ça permet de faire circuler ces messages. On est vraiment dans un objectif de créer du lien.
Plus de 58 personnes ont répondu à nos annonces de bénévolat sur Benevolt. On a reçu des messages de personnes qui ont répondu une fois, c’est-à-dire qui nous ont envoyé un message de soutien, donc c’est du ponctuel. Mais d’autres, toutes les semaines, nous envoient des photos sympas, des petits poèmes, plein de choses comme ça. Les messages deviennent réguliers, c’est vraiment top.
Vous êtes satisfait de Benevolt ?
Ce que je trouve hyper bien, c’est que c’est très accessible. Avec Xavier, on est tous les deux, à répondre aux messages. Le site reste très accessible et c’est très facile de répondre aux bénévoles et de communiquer avec eux.
3 valeurs indispensables pour rejoindre l'association ?
Je dirais des valeurs de solidarité, de partage et d'écoute aussi. C’est vrai que pour nous, l’écoute c’est hyper important, il faut vraiment se faire petit pour que ce soit la personne en face qui se sente valorisée.
Que dirais-tu à un bénévole intéressé par votre activité ?
Il ne faut pas hésiter à nous contacter où à venir nous voir après le confinement. Finalement, il n’y a rien de mieux que l’échange “en face”. L'échange qu’on peut avoir en lien direct est hyper important, on peut voir tout de suite, si on accroche à l’association et si on a la même vision des choses.
Est-ce-que les enfants peuvent envoyer des dessins ?
Oui complètement. On a sur Benevolt, une maman d’une petite fille de 8 ans, qui nous a envoyé des messages. Elle fait des dessins pour les personnes âgée, parce que ça lui fait penser à ses grand-parents. Donc elle fait des dessins et nous envoie des petits messages à côté, qu’on fait passer dans les établissements. Ça fait le bonheur des résidents. Tout est possible en fait, nous ne sommes fermés à rien. Tous les messages de soutien sont les bienvenus.
Vous souhaitez contribuer au développement de l'association Clowns et Vie ? N'hésitez pas à consulter leurs besoins du moment en allant sur leur profil. Si vous souhaitez envoyer un ou plusieurs messages de soutien, c'est aussi possible ! Les informations sont sur le profil de l'association. 😊 ⤵️